
Injection Sagem MC 2000
Outre l'installation d'une injection séquentielle multipoint, Triumph et Sagem présentent le boîtier injection/allumage, le plus sophistiqué jamais utilisé en moto (et encore très rare en automobile), qui est aussi un véritable outil de gestion, de maintenance et de diagnostic.
La décision de développer 
    ces nouvelles motos avec une injection d'essence fut immédiatement 
    retenue, car l'on pensait obtenir ainsi une très bonne réponse 
    à l'ouverture des gaz, tout en maintenant de bas niveaux d'émissions, 
    supprimant même le recours à un catalyseur ou à une injection 
    d'air supplémentaire, dans les cas de législations très 
    strictes en matière d'émission polluante (Californie).
    Sagem a été choisi après confrontation avec Bosch. Le 
    constructeur français, qui a fusionné avec le fabricant anglais 
    Lucas, présentait une injection plus élaborée. Six informations 
    sont envoyées au boîtier : position de l'arbre à cames; 
    régime rotation vilebrequins vitesse de la moto; ouverture des gaz, 
    température d'air; pression d'air; température moteur. Le boîtier 
    d'injection/allumage MC 2000 est fabriqué par Sagem en France. Les 
    injecteurs 3076 et les capteurs proviennent de chez Lucas. Les bobines (Nippondenso) 
    sont intégrées dans les antiparasites de bougies et sortent 
    de l'usine espagnole du fabricant japonais. Il n'y a plus d'étincelle 
    perdue et la qualité de celle-ci est constante quel que soit le régime, 
    ce qui n'est pas le cas d'un CDI classique, où l'étincelle est 
    meilleure à bas régime. Ainsi la durée de vie des bougies 
    est améliorée (40 000 kms).
    La fourniture d'une alimentation en essence précise et optimum en toute 
    circonstance, est obtenue avec le système EFI qui fournit une excellente 
    réponse à l'ouverture des gaz, en prévoyant le débit 
    d'air augmenté, même quand l'ouverture des gaz est en train de 
    se modifier. Il en résulte une économie (l'essence accrue et 
    une réponse incisive à tout moment. Le système travaille 
    en contrôlant l'ouverture des gaz et la vitesse moteur, et calcule l'alimentation 
    en combustible pour une cartographie prédéterminée. Il 
    corrige l'alimentation dans le cas de conditions ambiantes qui varient (température 
    et pression), grâce au montage de capteurs de température (au 
    cur du filtre à air) et de pression barométrique de l'air. 
    Le calculateur ajuste, à ces nouvelles données, l'alimentation 
    en essence et l'avance à l'allumage. Il compense également le 
    colmatage du filtre à air.
    L'injection est programmée en usine par le logiciel qui gère 
    le temps d'injection (de 1 à 6,3 ms), l'avance ou le retard injection, 
    la phase d'injection, l'avance allumage et le temps de remplissage bobine.
    Le puissant module de contrôle électronique MC2000, opérant 
    à 3 millions d'instructions par seconde, est le plus puissant ordinateur 
    de gestion de moteur jamais adapté à une motocyclette de série. 
    Le fonctionnement est assuré par le microprocesseur 16 bits (Siemens 
    SAHCI67), comportant un générateur d'impulsions très 
    pointu, autorisant une commutation des tâches performante à vitesse 
    élevée. La vitesse de calcul dont est capable le MC2000 assure 
    un contrôle extrêmement précis de l'allumage et de l'injection, 
    même à la limite de la zone rouge. En effet, le calculateur va 
    prendre en compte une réduction progressive des temps d'injection pour 
    venir flirter avec le régime maxi, sans entrer en zone rouge.
    Des injecteurs de type à plateaux ont été choisis plutôt 
    que des injecteurs à aiguilles parce qu'ils sont plus silencieux et 
    plus durables - ce qui est important pour les marchés à essence 
    pauvre et aussi parce qu'ils ont un fonctionnement dynamique supérieur 
    dû à une vitesse d'ouverture plus rapide.
    D'autres bénéfices majeurs pour l'utilisateur sont le démarrage 
    à froid automatique (pas de starter) et un contrôle de régime 
    de ralenti utilisé pour la première fois sur une Triumph. Un 
    circuit de dérivation de l'air permet un contrôle précis 
    (pas à pas) de la vitesse de ralenti du moteur, indépendant 
    de la charge moteur, de la température et de l'altitude et non plus 
    un ralenti géré par le papillon. Ce montage élimine le 
    recours à un volet manuel ou automatique de démarrage à 
    froid. Et, contrairement au boîtier Bosch, le Sagem permet un réglage 
    de ralenti qui n'influe pas, ensuite, sur le reste de la courbe. la charge 
    de la batterie est également contrôlée. Si elle baisse 
    au-dessous d'un niveau normal, la vitesse de ralenti est légèrement 
    augmentée afin d'accroître la puissance fournie par l'alternateur. 
    La commande du ventilateur est aussi gérée par le boîtier 
    afin d'optimiser les performances et de ne pas déclencher le ventilateur 
    lorsque c'est inutile. Par exemple, il n'y a pas déclenchement du ventilateur 
    à hautes vitesses, car cela perturberait plus l'écoulement d'air 
    qu'autre chose. Dans ce cas, si l'eau chauffe trop, le calculateur injectera 
    plus d'essence afin de refroidir les têtes de pistons.
    Une autre utilisation est encore l'adaptation des temps d'injection en fonction 
    du rapport engagé. Pour ne pas avoir une brutalité exagérée 
    et rendre la conduite inconfortable, les ingénieurs ont décidé 
    de ramollit l'accélération sur les trois premiers rapports, 
    si la vitesse est inférieure à 90 km/h (capteur de vitesse dans 
    la roue arrière). Il est donc impossible d'avoir une charge à 
    100% même si l'on ouvre à fond, ce qui améliore l'agrément 
    en ville. Sur les autres rapports (4/5/6) la charge peut atteindre 1 00% et 
    il n'y a plus de temps de réponse.
    Ce système permet aussi de passer instantanément à de 
    nouvelles normes de pollution, le jour où elles seront mises en application, 
    ou à d'autres carburants (Méthanol ou essence oxygénée) 
    sans devoir changer aucune pièce sur tout le parc de Triumph. Ainsi, 
    sur son ancienne gamme, Triumph avait 13 machines et 13 types de carburateur 
    (sans compter les adaptations par pays) pour 16 000 motos produites par an. 
    Avec la T 595 et la T 509, on a un seul boîtier et 4 logiciels.
    Ce système permet de faire une moto bridée (25 h-W/34 ch) qui 
    pourra être adaptée en 108 ou 130 ch sans rien coûter au 
    client.
    A la coupure des gaz, il y a risque d'explosion par excès d'essence 
    dans la chambre. Sur la T595, il y a un vanne (Intake Air Control) qui s'ouvre, 
    dès que l'on coupe les gaz, en envoyant de l'air supplémentaire. 
    Ce circuit agit également lors de la correction altimétrique. 
    Ce système prévient également un rétrogradage 
    trop brutal provoquant le blocage de la roue. L'avance à allumage passe 
    de 24° en phase d'accélération à 34° en décélération 
    (O° au ralenti).
Autosurveillance
     Outre le fait que le boîtier 
    a une mémoire (et indiquera l'historique des interventions), il intègre 
    un numéro de série. En cas de vol, on ne peut modifier ce numéro 
    (alors que l'on peut refaire un n° de cadre). Ce numéro est indélébile. 
    Si on veut le recharger, cela imposera un retour à l'usine,
    Tous les récepteurs/émetteurs qui entrent en jeu avec le boîtier 
    sont également sous haute surveillance. Le faisceau est en permanence 
    sous diagnostic et tout branchement " pirate" sera décelé 
    et mémorisé. On ne peut ainsi dupliquer un logiciel de chargement 
    du boîtier au risque de vider toute la mémoire. De même, 
    la pose d'une alarme ou d'autres équipements se révèle 
    délicate, car elle impose de toucher au câblage. D'ailleurs Triumph 
    diffuse ses propres alarmes homo1oguées, afin d'éviter des interférences. 
    Ce haut niveau de protection permet des développement intéressants 
    comme la clé électronique... parade absolue au vol.
La simplicité de maintenance est 
    également prise en compte avec une poignée de gaz dont l'initialisation 
    (réglage du 0) est automatique alors que bon nombre d'injections ont 
    encore recours au potentiomètre qui pose de gros problèmes pour 
    faire un réglage CO/CO2. Le capteur de position s'étalonne sur 
    la valeur de base et le considère comme 0, même si la tension 
    s'affiche à 1,5V. S'il lit ensuite 6,5V, il intégrera dans le 
    calcul une valeur de 5V.
    Le système, à autosurveillance, comporte une mémorisation 
    des codes d'erreur et des information de fonctionnement,pouvant être 
    interrogés par l'unité de maintenance du concessionnaire. Dans 
    l'éventualité d'une panne, le système EFI entre en mode 
    position "retour défaillant" afin que le pilote ne reste 
    pas au bord de la route. La seule panne qui immobilise vraiment la moto est 
    le capteur de vitesse de vilebrequin et la pompe à essence.
Diagnostics
    Triumph a choisi une autre 
    entreprise française, Actia à Toulouse, qui équipe déjà 
    tous les constructeurs français (Renault, Peugeot, Citroën) pour 
    développer l'outillage de diagnostic relié à l'unité 
    Sagem MC 2000.
    Cet outil est développé en 3 langues (anglais, français, 
    allemand) et sera chez tous les concessionnaires de la marque. En relation 
    avec le boîtier, il permet la reconnaissance du n° de série 
    et son logiciel de cartographie (9804 pour la version française).Ainsi, 
    l'outil de diagnostic donnera l'historique des interventions avec la date 
    et l'intervenant. Il sera donc impossible de passer une moto française 
    en 'full power" sans le savoir.
    Cet outil permet d'afficher toutes les mesures qui interviennent dans le boîtier 
    Sagem et toutes les valeurs d'injection et d'avance. Un outil fabuleux permet 
    de visualiser l'acquisition de données et peut être embarqué 
    sur la moto grâce à sa forme spécifique (sur le réservoir).
    Le boîtier et son lecteur Actia permettent de mettre en évidence 
    les conditions d'essai (sur route ou sur banc) par la lecture de l'enregistrement 
    pression dynamique. Pour le réglage du CO au ralenti, on n'agit pas 
    sur la vitesse mais sur la quantité d'essence au ralenti avec un régime 
    de 1000-1100 tr/mn pour obtenir le CO de 1,5 (optimum). On peut monter à 
    6,70% ou descendre à 0% sans faire chuter le ralenti. Le boîtier 
    agit sur le temps et la phase d'injection. Le CO2 est pratiquement constant 
    dans tous les cas de figure à 7,6%. On peut également corriger 
    toute la courbe en fonction du CO/CO2.
Tests et pannes
    Pour le diagnostic de pannes, 
    le lecteur Actia peut enregistrer 200 incidents différents qui n'allument 
    pas forcement le voyant de défaut (sauf sécurité). Le 
    lecteur permet d'effacer le code panne (le voyant s'éteint alors au 
    redémarrage). Mais, Triumph a fait le choix que tous les défauts 
    allument le voyant, pendant la première année d'existence du 
    modèle.
    Si au bout de trois cycles (mise en température), le phénomène 
    ne se reproduit pas, le voyant s'éteint. En revanche, l'incident reste 
    mémorisé et apparaît dans l'historique du boîtier. 
    Il faudra 40 cycles, pour qu'elle soit aussi effacée du boîtier.
    Cet outil de diagnostic et de réglage reste très abordable malgré 
    sa sophistication et le nombre d'exemplaires construits (300 pour le Monde). 
    Il fonctionne sans pile, est vendu 3900 F H.T
A l'avenir, l'injection sera incontournable pour des problèmes de pollution et de consommation. Elle équipera, à terme, toute la gamme Triumph et la marque anglaise dispose aujourd'hui d'une belle avance dans ce domaine.
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